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je n’espérois pourtant pas beaucoup : mais ni dans ce temps-là, ni avant, ni après je n’en ai parlé à qui que ce fut au monde hors le seul Milord Maréchal qui surement m’a gardé le secret. Il faut donc que ce secret ait été ébruité de la part de M. Hume ; or comment M. Hume a-t-il pu dire que j’avois refusé, puisque cela étoit faux, & qu’alors mon intention n’étoit pas même de refuser ? Cette anticipation ne montre-t-elle pas qu’il savoit que je serois bientôt forcé à ce refus, & qu’il entroit même dans son projet de m’y forcer, pour amener les choses au point où il les a mises ? La chaîne de tout cela me paroît importante à suivre pour le travail dont je suis occupé, & si vous pouviez parvenir à remonter par votre ami, à la source de ce qu’il vous écrit, vous rendriez un grand service à la chose & à moi- même.

Les choses qui se passent en Angleterre à mon égard sont je vous assure, hors de toute imagination. J’y suis dans la plus complète diffamation. où il soit possible d’être, sans que j’aie donné à cela la moindre occasion, & sans que pas une ame puisse dire avoir eu personnellement le moindre mécontentement de moi. Il paroît maintenant que le projet de M. Hume & de ses associés est de me couper toute ressource, toute communication avec le continent, & de me faire périr ici de douleur & de misère. J’espère qu’ils ne réussiront pas ; mais deux choses me sont trembler. L’une est qu’ils travaillent avec force à détacher de moi M. Davenport, & que s’ils y réussissent, je suis absolument sans asile, & sans savoir que devenir. L’autre encore plus effrayante, est