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LETTRE À Mr. DU PEYROU.

À Wootton le 16 Août 1766.

Je ne doute point, mon cher hôte, que les choses incroyables que M. Hume écrit partout, ne vous soient parvenues, & je ne suis pas en peine de l’effet qu’elles seront sur vous. Il promet au public une relation de ce qui s’est passé entre lui & moi, avec le recueil des lettres. Si ce recueil est fait fidellement, vous y verrez dans celle que je lui ai écrite le 10 Juillet, un ample détail de sa conduite & la mienne, sur lequel vous pourrez juger entre nous ; mais comme infailliblement il ne sera pas cette publication, du moins sans les falsification les plus énormes, je me réserve à vous mettre au fait par le retour de M. d’Ivernois ; car vous copier maintenant cet immense recueil, c’est ce qui ne m’est pas possible, & ce seroit rouvrir toutes mes plaies. J’ai besoin d’un peu de trêve pour reprendre mes forces prêtes à me manquer. Du reste je le laisse déclamer dans le public, & s’emporter aux injures les plus brutales. Je ne sais point quereller en charretier. J’ai un défenseur dont les opérations sont lentes, mais sûres ; je les attends, & je me tais.

Je vous dirai seulement un mot sur une pension du Roi d’Angleterre dont il a été question, & dont vous m’aviez parlé vous - même. Je ne vous répondis pas sur cet article, non-seulement à cause du secret que M. Hume exigeoit au