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LETTRE À Mr. D’IVERNOIS.

À Strasbourg le 2 Décembre 1765.

Vous ne doutez pas, Monsieur, du plaisir avec lequel j’ai reçu vos deux lettres & celle de M. De Luc. On s’attache à ce qu’on aime à proportion des maux qu’il nous coûte. Jugez par-là si mon cœur est toujours au milieu de vous. Je suis arrivé dans cette ville malade & rendu de fatigue. Je m’y repose avec le plaisir qu’on a de se retrouver parmi des humains, en sortant du milieu des bêtes féroces. J’ose dire que depuis le Commandant de la province jusqu’au dernier bourgeois de Strasbourg, tout le monde désiroit de me voir passer ici mes jours : mais telle n’est pas ma vocation. Hors d’état de soutenir la route de Berlin, je prends le parti de passer en Angleterre. Je m’arrêterai quinze jours ou trois semaines à Paris, & vous pouvez n’y donner de vos nouvelles chez la veuve Duchesne libraire, rue St. Jaques.

Je vous remercie de la bonté que vous avez eu de songer à mes commissions. J’ai d’autres prunes à digérer, ainsi disposez des vôtres. Quant aux bilboquets & aux mouchoirs, je voudrois bien que vous pussiez me les envoyer à Paris, car ils me feroient grand plaisir ; mais à cause que les mouchoirs sont neufs, j’ai peur que cela ne soit difficile. Je suis maintenant très en état d’acquitter votre petit