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LETTRE À Mr. D. P......u.

À Strasbourg le 17 Novembre 1765.

Je reçois, mon cher hôte, votre lettre. Vous aurez vu par les miennes, que je renonce absolument au voyage de Berlin, du moins pour cet hiver, à moins que Milord Maréchal, à qui j’ai écrit, ne fût d’un avis contraire. Mais je le connois ; il veut mon repos sur toute chose, ou plutôt il ne veut que cela. Selon toute apparence, je passerai l’hiver ici. L’on ne peut rien ajourer aux marques de bienveillance, d’estime, & même de respect qu’on m’y donne, depuis M. le Maréchal & les chefs du pays, jusqu’aux derniers du peuple. Ce qui vous surprendra est que les gens d’église semblent vouloir renchérir encore sur les autres. Ils ont l’air de me dire dans leurs manières : Distingue - nous de vos ministres ; vous voyez que nous ne pensons pas comme eux.

Je ne sais pas encore de quels livres j’aurai besoin ; cela dépendra beaucoup du choix de ma demeure ; mais en quelque lieu que ce soit, je suis absolument déterminé à rendre la botanique. En conséquence, je vous prie de vouloir bien faire trier d’avance tous les livres qui en traitent, figures & autres, & les bien encaisser. Je voudrois aussi que mes herbiers & plantes sèches y fussent joints. Car ne connoissant pas à beaucoup près toutes les plantes qui y sont, j’en peux tirer encore beaucoup d’instruction sur les