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LETTRE À Mr. D. P....... u.

.......12 Septembre 1764.

Je prends le parti, Monsieur, suivant votre idée, d’attendre ici votre pas age ; s’il arrive que vous alliez à Cressier, je pourrai prendre celui de vous y suivre, & c’est de tous les arrangemens celui qui me plaira le plus. En ce cas-là j’irai seul, c’est-à-dire, sans Mlle. le Vasseur, & je resterai seulement deux ou trois jours pour essai, ne pouvant guères m’éloigner en ce moment plus long - temps d’ici. Je comprends au temps que demande la Dame Guinchard pour ses préparatifs, qu’elle me prend pour un Sibarite. Peut-être aussi veut-elle soutenir la réputation du cabaret de Cressier, mais cela lui sera difficile ; puisque les plats, quoique bons, n’en sont pas la bonne chère, & qu’on n’y remplace pas l’hôte -par un cuisinier. Vous avez à Monlezi un autre hôte qui n’est pas plus facile à remplacer, & des hôtesses qui le sont encore moins. Monlezi doit être une espèce de Mont Olympe pour tout ce qui l’habite en

pareille compagnie. Bon jour, Monsieur, quand vous reviendrez parmi les mortels, n’oubliez pas, je vous prie, celui de tous qui vous honore le plus, & qui veut vous offrir au lieu d’encens, des sentimens qui le valent bien.