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plus chers, si je vous avois ici. Toutefois vous ne me devez rien, & vous devez tout à votre père, à votre famille, à votre état, & l’amitié qui se cultive aux dépens du devoir n’a plus de charmes. Adieu, cher M.....u, je vous embrasse de tout mon cœur. J’ai brûlé votre précédente lettre : mais pourquoi signer ? avez-vous peur que je ne vous reconnoisse pas ?

LETTRE À Mr. M.....u.

Montmorenci 25 Avril 1762.

Je voulois, mon cher concitoyen, attendre pour vous écrire, & pour vous envoyer le chiffon ci -joint, puisque vous le désirez, de pouvoir vous annoncer définitivement le sort de mon livre ; mais cette affaire se prolonge trop pour m’en laisser attendre la fin. Je crois que le libraire a pris le parti de revenir au premier arrangement, & de faire imprimer en Hollande, comme il s’y étoit d’abord engagé. J’en suis charmé, car c’étoit toujours malgré moi que, pour augmenter son gain, il prenoit le parti de faire imprimer en France, quoique de ma part je fusse autant en règle qu’il me convient, & que je n’eusse rien fait sans l’aveu du magistrat. Mais maintenant que le libraire a reçu & payé le manuscrit, il en est le maître. Il ne me le rendroit pas quand je lui rendrois son argent,