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& là-dessus je vous dirai que mon parti est pris. Je laisserai ôter ce qu’on voudra des deux premiers volumes, mais je ne souffrirai pas qu’on touche à la profession de soi. Il faut qu’elle reste telle qu’elle est, ou qu’elle soit supprimée ; la copie qui est entre vos mains me donne le courage de prendre ma résolution là-dessus. Nous en reparlerons quand j’aurai quelque chose de plus à vous dire ; quant à présent, tout est suspendu. Le grand éloignement de Paris & d’Amsterdam fait que toute cette affaire se traite fort lentement, & tire extrêmement en longueur.

L’objection que vous me faites sur l’état de la religion en Suisse & à Genève, & sur le tort qu’y peut faire l’écrit en question, seroit plus grave si elle étoit fondée : mais je suis bien éloigné de penser comme vous sur ce point. Vous dites que vous avez lu vingt fois cet écrit ; hé bien, cher M.....u, lisez-le encore une vingt-unième ; & si vous persistez alors dans votre opinion, nous la discuterons.

J’ai du chagrin de l’inquiétude de M. votre père, & surtout par l’influence qu’elle peut avoir sur votre voyage ; car, d’ailleurs, je pense trop bien de vous pour croire que, quand votre fortune seroit moindre, vous en fussiez plus malheureux. Quand votre résolution sera tout-à-fait prise là - dessus, marquez - le moi, afin que je vous garde, ou vous envoie le misérable chiffon auquel votre amitié veut bien mettre un prix. J’aurois d’autant plus de plaisir à vous voir, que je me sens un peu soulage, & plus en état de profiter de votre commerce ; j’ai quelques instans de relâche que je n’avois pas auparavant, & ces instans me seroient