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donner d’avance, il faut lui laisser faire son effet bon ou mauvais de lui-même, & puis la donner après.

Quant aux aventures d’Edouard, il seroit trop tard, puisque le livre est imprimé ; d’ailleurs, craignant de succomber à la tentation, j’en ai jeté les cahiers au feu, & il n’en reste qu’un court extrait que j’en ai fait pour Madame la Maréchale de Luxembourg, & qui est entre ses mains.

À l’égard de ce que vous me dites de Wolmar & du danger qu’il peut faire courir à l’éditeur, cela ne m’effraie point ; je suis sûr qu’on ne m’inquiétera jamais justement, & c’est une folie de vouloir se précautionner contre l’injustice. Il reste là-dessus d’importantes vérités à dire, & qui doivent être dites par un croyant. Je serai ce croyant-là, & si je n’ai pas le talent nécessaire, j’aurai du moins l’intrépidité. À Dieu ne plaise que je veuille ébranler cet arbre sacré que je respecte, & que je voudrois cimenter de mon sang. Mais j’en voudrois bien ôter les branches qu’on y a greffées, & qui portent de si mauvais fruits.

Quoique je n’aie plus reçu de nouvelles de mon libraire depuis la dernière feuille, je crois son envoi en route, & j’estime qu’il arrivera à Paris vers Noël. Au reste, si vous n’êtes pas honteux d’aimer cet ouvrage, je ne vois pas pourquoi vous vous abstiendriez de dire que vous l’avez lu, puisque cela ne peut que favoriser le débit. Pour moi, j’ai gardé le secret que nous nous sommes promis mutuellement ; mais si vous me permettez de le rompre, j’aurai grand soin de me vanter de votre approbation.

Un jeune Genevois qui a du goût pour les beaux arts a