Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous ne me parlez ni de votre santé ni de votre famille, voilà ce que je ne vous pardonne point ; je vous prie de croire que vous m’êtes cher & que j’aime tout ce qui vous appartient. Pour moi je traîne & souffre plus patiemment dans ma solitude, que quand j’étois obligé de grimacer devant les importuns ; cependant je vais toujours ; je me promène, je ne manque pas de vigueur, & voici le temps que je vais me dédommager du rude hiver que j’ai passé dans les bois.

Je vous prie instamment de ne point m’adresser de lettres chez Mde. d’Epinay ; cela lui donne des embarras, & multiplie les frais ; il faut écrire, envoyer des exprès, & l’on évite tout cela en m’écrivant tout bonnement à l’Hermitage sous Montmorenci, par Paris ; les lettres me sont plus promptement, aussi fidellement rendues, & à moindres frais pour Mde. d’Epinay & pour moi. À la vérité quand il est question de paquets un peu gros, comme le précédent, on peut mettre une enveloppe avec cette adresse : à M. de Lalive d’Epinay, Fermier Général du Roi, à l’hôtel des fermes, à Paris. Car, ce que je vois qu’on ne sait pas à Genève, c’est que les Fermiers Généraux ont bien leurs ports francs à l’hôtel des fermes, mais non pas chez eux. Encore faut-il bien prendre garde qu’il ne paroisse pas que leurs paquets contiennent des lettres à d’autres adresses ; & il y a dans cette économie une petite manœuvre que je n’aime point.

Adieu, mon cher concitoyen ; quand viendra le temps où nous irons ensemble profiter des utiles délassemens de ce