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l’Emile, & en attendant je mis la dernière main au Contrat Social, & l’envoyai à Rey, fixant le prix de ce manuscrit à mille francs, qu’il me donna.

Je ne dois peut-être pas omettre un petit fait qui regarde ledit manuscrit. Je le remis bien cacheté, à Du Voisin, ministre du pays de Vaud, & chapelain de l’hôtel de Hollande, qui me venoit voir quelquefois, & qui se chargea de l’envoyer à Rey, avec lequel il étoit en liaison. Ce manuscrit, écrit en menu caractère, étoit fort petit, & ne remplissoit pas sa poche. Cependant, en passant la barrière, son paquet tomba, je ne sais comment, entre les mains des commis qui l’ouvrirent, l’examinèrent, & le lui rendirent ensuite, quand il l’eut réclamé au nom de l’ambassadeur ; ce qui le mit à portée de le lire lui-même, comme il me marqua naivement avoir fait, avec force éloges de l’ouvrage, & pas un mot de critique ni de censure, se réservant sans doute d’être le vengeur du christianisme lorsque l’ouvrage auroit paru. Il recacheta le manuscrit & l’envoya à Rey. Tel fut en substance le narré qu’il me fit dans la lettre où il me rendit compte de cette affaire, & c’est tout ce que j’en ai su.

Outre ces deux livres & mon Dictionnaire de musique, auquel je travaillois toujours de temps en temps, j’avois quelques autres écrits de moindre importance, tous en état de paroître, & que je me proposois de donner encore, soit séparément, soit avec mon recueil général, si je l’entreprenois jamais. Le principal de ces écrits, dont la plupart sont encore en manuscrit, dans les mains de Du P

[eyrou] , étoit un Essai sur l’origine des langues, que je fis lire à M.