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moi, mille remerciemens & complimens. Vale, & me ama."

L’abbé m’écrivit aussi quelques jours après une lettre de remerciement, qui ne me parut pas respirer une certaine effusion de cœur, & dans laquelle il sembloit atténuer en quelque sorte le service que je lui avois rendu ; & à quelque temps de-là, je trouvai que d’Alembert & lui m’avoient en quelque sorte, je ne dirai pas supplanté, mais succédé auprès de Mde. de Luxembourg, & que j’avois perdu près d’elle autant qu’ils avoient gagné. Cependant, je suis bien éloigné de soupçonner l’abbé Morellet d’avoir contribué à ma disgrâce ; je l’estime trop pour cela. Quant à M. d’Alembert je n’en dis rien ici ; j’en reparlerai dans la suite.

J’eus dans le même tems une autre affaire qui occasionna la dernière lettre que j’ai écrite à M. de Voltaire, lettre dont il a jetté les hauts cris, comme d’une insulte abominable, mais qu’il n’a jamais montrée à personne. Je suppléerai ici à ce qu’il n’a pas voulu faire.

L’abbé T[...]t que je connoissois un peu, mais que j’avois très-peu vu, m’écrivit le 13 juin 1760, pour m’avertir que M. F[...]y son ami & correspondant, avoit imprimé dans son Journal ma lettre, à M. de Voltaire, sur le désastre de Lisbonne, l’abbé T[...]t vouloit savoir comment cette impression s’étoit pu faire, & dans son tour finet & jésuitique, me demandoit mon avis sur la réimpression de cette lettre, sans vouloir me dire le sien. Comme je hais souverainement les ruseurs de cette espèce, je lui fis les remerciemens que je lui devois, mais j’y mis un ton dur qu’il