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plaisir infini, & je me presse pour vous le mander & pour vous en remercier."

"Voici les propres termes de votre lettre : Quoique vous soyez sûrement une très-bonne pratique, je me fais quelque peine de prendre votre argent ; régulièrement ce seroit à moi de payer le plaisir que j’aurois de travailler pour vous. Je ne vous en dis pas davantage. Je me plains de ce que vous ne me parlez jamais de votre santé. Rien ne m’intéresse davantage. Je vous aime de tout mon cœur ; & c’est, je vous assure, bien tristement que je vous le mande, car j’aurois bien du plaisir à vous le dire moi-même. M. de Luxembourg vous aime & vous embrasse de tout son cœur."

En recevant cette lettre, je me hâtai d’y répondre, en attendant plus ample examen, pour protester contre toute interprétation désobligeante, & après m’être occupé quelques jours à cet examen avec l’inquiétude qu’on peut concevoir, & toujours sans y rien comprendre, voici quelle fut enfin ma dernière réponse à ce sujet.

À Montmorenci, le 8 Décembre 1759.

"Depuis ma dernière lettre, j’ai examiné cent & cent fois le passage en question. Je l’ai considéré par son sens propre & naturel, je l’ai considéré par tous les sens qu’on peut lui donner, & je vous avoue, madame la Maréchale, que je ne sais plus si c’est moi qui vous dois des excuses, ou si ce n’est point vous qui m’en devez."

Il y a maintenant dix ans que ces lettres ont été écrites.