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pour le Comte de Caylus. L’un & l’autre me furent des connaissances très agréables, sur-tout le premier, qui, jusqu’à sa mort, n’a point cessé de me marquer de l’amitié & de me donner dans nos tête-à-tête des conseils dont j’aurois dû mieux profiter.

Je revis M. Bordes, avec lequel j’avois depuis long-temps foit connoissance & qui m’avoit souvent obligé de grand cœur & avec le plus vrai plaisir. En cette occasion je le retrouvai toujours le même. Ce fut lui qui me fit vendre mes livres & il me donna par lui-même ou me procura de bonnes recommandations pour Paris. Je revis M. l’intendant, dont je devois la connoissance à M. Bordes & à qui je dus celle de M. le duc de Richelieu, qui passa à Lyon dans ce temps-là. M. Pallu me présenta à lui. M. de Richelieu me reçut bien & me dit de l’aller voir à Paris ; ce que je fis plusieurs fois, sans pourtant que cette haute connoissance, dont j’aurai souvent à parler dans la suite, m’ait été jamais utile à rien.

Je revis le musicien David qui m’avoit rendu service dans ma détresse à un de mes précédens voyages. Il m’avoit prêté ou donné un bonn & des bas que je ne lui ai jamais rendus & qu’il ne m’a jamais redemandés, quoique nous nous soyons revus souvent depuis ce temps-là. Je lui ai pourtant foit dans la suite un présent à peu près équivalent. Je dirois mieux que cela, s’il s’agissoit ici de ce que j’ai dû ; mais il s’agit de ce que j’ai foit & malheureusement ce n’est pas la même chose.

Je revis le noble & généreux Perrichon & ce ne fut pas