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rendez-vous, ne manqua jamais à aucun de ceux-là. Je formai là le projet d’une feuille périodique, intitulée le Persifleur, que nous devions faire alternativement, Diderot & moi. J’en esquissai la premiere feuille & cela me fit faire connoissance avec d’Alembert, à qui Diderot en avoit parlé. Des événemens imprévus nous barrèrent & ce projet en demeura là.

Ces deux auteurs venoient d’entreprendre le Dictionnaire encyclopédique, qui ne devoit d’abord être qu’une espèce de traduction de Chambers, semblable à peu près à celle du Dictionnaire de médecine de James, que Diderot venoit d’achever. Celui-ci voulut me faire entrer pour quelque chose dans cette seconde entreprise & me proposa la partie de la musique, que j’acceptai & que j’exécutai très à la hâte & très mal, dans les trois mais qu’il m’avoit donnés, comme à tous les auteurs qui devoient concourir à cette entreprise. Mais je fus le seul qui fut prêt au terme prescrit. Je lui remis mon manuscrit, que j’avois foit mettre au net par un laquais de M. de F

[rancuei] l, appelé Dupont, qui écrivoit très bien & à qui je payai dix écus tirés de ma poche, qui ne m’ont jamais été remboursés. Diderot m’avoit promis, de la part des libraires, une rétribution, dont il ne m’a jamais reparlé, ni moi à lui.

Cette entreprise de l’Encyclopédie fut interrompue par sa détention. Les Pensées philosophiques lui avoient attiré quelques chagrins qui n’eurent point de suite. Il n’en fut pas de même de la Lettre sur les aveugles, qui n’avoit rien de répréhensible que quelques traits personnels dont Mde. Dupré de St. Maur & M. de Réaumur furent choqués & pour