Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/94

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE II.

Oui, Monsieur, je respecte avant toutes choses l’image Dieu qui est en vous, ne fût-ce que pour vous donner l’exemple de la respecter vous-même ; car voilà le sens unique de ce qu’on dit tous les jours, qu’un honnête homme doit respecter lui-même. Enfin, M. R. dédie son nouveau livre à la République de Geneve. Cela est bien, mais il n’est pas bien de fonder tous ses remercîmens à sa Patrie sur la seule liberté prétendue dont elle laisse jouir ses sujets ou plutôt ses citoyens. Car le nom de sujet n’est pas du goût de M. R. qui dit en propres termes, que s’il avoir eu à choisir le lieu de sa naissance, il auroit voulu vivre & mourir libre....& que personne dans l’Etat n’eût pu se dire au-dessus de la loi. Cela s’entend trop bien.

Mais l’Auteur n’est pas chiche dés plus fortes expressions pour se faire mieux entendre. Car, dit il, s’il y a un chef national, & un autre chef étranger, quelque partage d’autorité qu’ils pussent faire, il est impossible que l’un ou l’autre soient bien obéis, & que l’Etat soit bien gouverné. Comme absolument je ne veux point trop jettera d’odieux sur M. R je me contente d’observer que par le chef national il ne peu entendre que le Roi, & par le chef étranger le Pape & les Evêques. Seulement je prie M. R. de croire qu’il n’y a point ici de partage d’autorité, personne ne partageant avec le Roi l’autorité toute entiere qu’il a sur son Royaume, l’autorité