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fuir la dissipation & l’oisiveté. Parmi les objets qu’elle se propose, les uns sont nécessaires & les autres utiles : la Métaphysique, la Morale, la Jurisprudence, la Politique sont de premiere nécessité : sans elles l’homme n’est que le plus misérable & le plus dangereux de tous les animaux ; c’est à elles uniquement qu’il doit la connoissance de son être & de ses rapports, la justesse de ses idées, la rectitude de ses sentimens, tous les principes, & toutes les douceurs de la société : l’Histoire nous offre le recueil des expériences sur lesquelles ces premieres sciences sont fondées ; tous les arts qui servent à la faire connoître, participent de son utilité : la Physique vient ensuite la connoissance des élémens & des propriétés de tous les corps, qui ont ou peuvent avoir quelque rapport avec nous l’Anatomie, l’Astronome, la Botanique, la Chymie nous fournissent mille découvertes d’une utilité infinie ; on en peut dire autant, de toutes les parties des Mathématiques ; la méthode de la Géométrie est le flambeau même de la vérité, elle répand sa lumiere sur toute la Physique & sur tous les arts ; la Grammaire, la Logique, & la Rhétorique enfin qui sont les instrumens nécessaires de toutes nos connoissances & de leur communication, ont éclairci & fixé les notions vagues qui flottoient dans les esprits, affermi & guidé nos jugemens, & par la chaîne combinée des idées ont porté la certitude & l’évidence dans des questions qui échappoient même à nos conjectures.

Quelle satire oseroit verser son venin sur ce digne emploi de nos facultés ? où trouve-t-on dans tous ces objets la source de cette corruption tant reprochée ? comment ose-t-on dire