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faut aimer sa patrie, quelques injustices qu’on y essuye.”*

[*À la place du paragraphe qui termine cette lettre produite par M. D. L. B., on lit dans l’original le paragraphe très-remarquable qui suit. “M. Chappuis m’apprend que votre santé est bien mauvaise ; il

faudroit la venir rétablir dans l’air natal, jouir de la liberté, boire avec moi du lait de nos vaches, & brouter nos herbes.

Je suis très-philosophiquement & avec la plus tendre estime, Monsieur, votre &c..”]

Ces différences comme vous voyez, Madame, ne sont presque rien à la question, la plupart n’offrant que des additions des changemens fort permis à un auteur qui se fait imprimer ; il est tout simple de faire une toilette plus recherchée pour se présenter au Public, que pour rendre une visite particuliere. Passons donc à Voltaire, & à M. D. L. B. les variantes en additions, mais demandons-leur raison de celles en soustractions.

Il y en a une de ce dernier genre sur laquelle il est bon de s’expliquer avec le candide M. D. L. B. ; c’est la soustraction du paragraphe qui termine la lettre de Voltaire, & que je viens Madame, de vous rapporter.

Permettez-vous M. D. L. B. qu’on vous demande par quel excès de discrétion, ou de prudence, & au risque d’encourir cette accusation que vous paroissiez tant redouter, de rien changer ou retrancher, vous faites sans pitié main-basse sur cette queue de la lettre que vous produisez ? Auriez-vous par hasard apperçu que tout, jusqu’au nom de M. Chappuis, indique cette invitation si simple de la part de Voltaire, de venir boire du lait de les vaches, comme le vrai, le seul texte original des offres faites à Rousseau : texte qu’a su embellir des plus riches variantes la brillante & poétique imagination du grand-homme ;