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Monsieur, vous en faites une inconcevable, en disant des systêmes du Pere Souhaitty, & de Jean-Jaques, ces deux systêmes n’en sont qu’un, lorsque, pour se convaincre du contraire, il ne faut que lire & comparer. C’est précisément ce que je fais : j’ai sous les yeux les Elémens du chant, & la Dissertation sur la musique moderne. C’est de ces deux ouvrages que je vais tirer la preuve de votre turpitude : humiliation à laquelle vous n’avez pu vous exposer, que dans l’espérance que la gloire de Rousseau ne seroit assez chere à qui que ce soit, pour qu’on se livrât à un examen si dangereux pour la vôtre. Vous vous êtes lourdement trompé : (je veux bien en passant donner cet avis à tous les méchans que son ombre importune encore) ; Rousseau, le plus attachant des hommes, même par ce qui s’opposoit en lui à la perfection que

la nature humaine ne comporte pas, a laissé nombre d’amis qu’on blesse personnellement en attaquant sa mémoire : je ne suis pas la seule qui veille à ses intérêts avec une application infatigable ; plusieurs l’ont déjà victorieusement défendue ; leurs armes dureront long-tems ; elles sont d’aussi bonne trempe que leur zele. Malgré ce que j’ai dit plus haut, comme il n’y a rien sur quoi tout le monde pense de même, il a fallu que je briguasse l’honneur d’entrer en lice avec vous, Monsieur, on vouloit me le disputer. Cela vous étonne ?.... Mais songez

donc qui vous attaquez ; & voyez s’il est possible d’imaginer une circonstance où il ne soit pas honorable de représenter J. J. Rousseau. Quant à moi, quoique je n’aye pas la sottise de m’exagérer l’idée de mes talens, la dignité de ce rôle éleve assez mon ame, pour m’inspirer la confiance de le