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raisonnement aient peu de pouvoir sur vous, permettez s’il vous plaît, que je vous en donne d’un autre genre.

À mesure que Jean-Jaques travailloit au Devin du Village, il portoit sa partition chez un ancien officier des Mousquetaires, encore plus recommandable par ses mœurs, & sa probité, que par son état, & son goût pour les talens : là se rassembloient journellement beaucoup de personnes faites pour être crues, qui peuvent certifier ce que j’avance. Je ne nommerai point ce respectable Officier : mais je ne doute point si cette lettre tombe dans ses mains, qu’il ne se nomme lui même : c’est à lui seul qu’appartient cet honneur. Encore un mot, Monsieur. Que diriez-vous de quelqu’un, qui ne rougissant pas de se montrer mal-intentionné pour Rameau, lui disputeroit les plus beaux couplets de la superbe chaconne des Indes Galantes, parce qu’il lui est échappé d’employer dans ce charmant morceau deux quintes qui montent diatoniquement ? *

[* Cent vingt cinquieme & cent vingt sixieme mesures] La faute est assez lourde ! Il ne me seroit pas impossible d’en citer d’autres de ce grand homme, qui, bien que toujours juste, n’étoit pas infaillible. Mais mon objet n’est pas de le poursuivre : je reviens au précieux texte que vous m’avez fourni.

Que répondre à cela ? (à l’argument de Rameau) des injures. Voilà le parti qu’a pris Rousseau. Mais malheureusement pour lui, il n’étoit pas assez savant en musique pour combattre Rameau.

Il falloit ajouter avec avantage : car quoique vous soyez en musique infiniment moins savant que Rousseau, cela ne vous empêche pas, Monsieur, de le combattre. Quant aux injures