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Devin du Village, que Rameau, à l’occasion des Muses, autre ouvrage en musique de J. J. Rousseau, s’étoit permis de lui tenir le propos que vous rapportez : ce propos avoit paru dur, & ce n’étoit pas une raison de le révoquer en doute mais s’il porte sur le Devin du Village, je suis violemment tentée de n’y pas croire. Je vous en demande bien pardon à vous, Monsieur, qui l’avez entendu.... Au reste quoiqu’en ait pu dire Rameau, il n’y a point d’inégalité assez frappante entre les différens morceaux qui composent le Devin du Village pour qu’ils ne puissent pas être de la même main ; & quand il contiendroit quelques négligences musicales, il seroit difficile à Rameau lui-même de prouver qu’elles soient poussées au point de rendre ce charmant intermede mi-partie bon, & mi-partie détestable. Mais, Monsieur, vous qui en savez tant, tant, tant, en musique, vous qui connoissez si bien, si bien, si bien, les différens styles des musiciens françois, & autres, voudriez-vous bien nous dire qui est celui qui a fait la bonne moitié du Devin du Village, & la bonne œuvre de la céder à Jean-Jaques ?.....J’ai bien entendu dire qu’on l’attribuoit en entier à un nommé Grenet musicien de Lyon ; & à la rigueur on pourroit croire que ce petit opéra fut de lui, s’il n’avoit jamais rien donné de sa composition. Aussi n’est-ce pas à Rameau que j’ai entendu dire cela ; mais à des gens dépourvus d’yeux & d’oreilles, car il y a de si grandes différences entre le faire de Rousseau, & celui de Grenet, qu’il ne seroit pas moins absurde d’attribuer au premier un ouvrage du second, qu’à Loutherbourg un tableau de Greuze. Mais, Monsieur, comme vous me donnez lieu de craindre que les preuves de