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vérité. Toutes choses qui, vous en conviendrez, proposent M. d’Alembert à notre vénération, comme un homme irréprochable.

Je pourrois en parlant de lui, Monsieur, employer jusqu’à mon dernier jour, le ton que j’ai pris dans cette lettre ; & dire comme Fontenelle : je mourrai avec la consolation de n’avoir jamais donné le moindre ridicule à la plus petite vertu. Toutefois, il est tems de le quitter, ce ton ; il ne conviendroit pas à la dignité des fonctions auxquelles la plus respectable amitié m’appelle. Il faut déchirer le voile que l’envie & l’imposture suspendent, entre le public & la vérité ; il faut écraser M. d’Alembert sous le poids des preuves de sa mauvaise soi ; il faut montrer son caractere dans toute sa difformité ; il faut effrayer les calomniateurs, que l’impunité que lui assureroit mon silence, enhardiroit à marcher sur ses traces ; il faut apprendre aux médians, que leur triomphe, toujours trop long, n’est pourtant jamais durable, & qu’il vient un moment, où le redoutable aspect de la vérité les replonge dans le néant ; enfin, il faut produire au grand jour, le témoignage le plus honorable, le plus sincere, le plus imposant, le plus irréfragable que des hommes vertueux aient jamais rendu à la vertu. Je suis sure de les bien remplir ces sublimes fonctions : ce n’est pas à mon éloquence qu’elles sont confiées, c’est à ma droiture.

Révoltée de toutes les faussetés que M. d’Alembert accumule dans son Éloge du Maréchal d’Ecosse pressée par le besoin de les détruire, j’ai écrit au plus digne ami du Maréchal, & de J. J. Rousseau, pour lui demander des lumieres que ma position ne m’avoit pas permis d’acquérir par moi-même.