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sur la parole de M. d’Alembert. Et comment trouvez-vous, Monsieur, que Mylord montre une lettre remplie d’injures qu’il a reçue de Jean-Jaques, à une personne très-estimable en lui recommandant de n’ouvrir qu’après sa mort sa correspondance avec ce même

Jean-Jaques !...... C’étoit donc pour lui Mylord, que l’ouverture de cette correspondance pouvoit être dangereuse ?*

[*On essayeroit en vain de retorquer cet argument contre Rousseau, relativement à ses Mémoires. Il s’étoit engagé à ne rien publier, tant qu’il seroit en France où il est mort ; il a rendu ses Mémoires aussi publics qu’il le pouvoit, sans manquer à son engagement, puisqu’il les a lus à un grand nombre de personnes, entre lesquelles on compte un Roi, & plusieurs Princes. En pareil cas, le rang des auditeurs tire bien à quelque conséquence] Car enfin qu’auroit-elle pu contenir de plus désavantageux au philosophe Genevois, que la démonstration de son ingratitude ? Il y a, ce me semble, dans la précaution qu’on prête au bon Mylord, moins de bonté, que de prudence : & comment

trouvez-vous encore l’agréable contraste que fait le legs de la montre, trop médiocre en lui-même, pour pouvoir être pris pour autre chose que pour un marque d’amitié, avec le dépôt de cette correspondance mis en réserve à dessein de déshonorer le légataire ?*

[*Voilà le George Keith de M. d’Alembert. Oh connoîtra le véritable.]

J’aurois bien encore quelques observations à vous faire sur d’autres passages médiocrement honorables à la mémoire de Mylord : mais retenue par sa qualité d’ami de Jean-Jaques, je ne veux pas indiquer ce que peut-être tout le monde n’pas vu. On a si superficiellement lu cet Eloge ! Voici pourtant ce que M. d’Alembert appelle un tribut (à la vérité bien doux),*

[*Doux à quoi ? à recevoir, ou défendre à payer.] qu’exige de lui, l’amitié dont mylord Maréchal