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les plus estimés, Corneille, Racine, la Fontaine, Moliere, Boileau, malgré l’arrêt qu’il a prononcé, quand il a dit :

Il n’est point de degrés du médiocre au pire.

N’ont-ils rien fait de médiocre ? Voltaire lui - même, Voltaire, l’idole des Académies, de la secte Encyclopédique ; enfin, de ceux qui s’adjugent le plus haut rang dans la littérature, n’a-t-il pas fait, & qui pis est, donné au Public des ses au-dessous de la médiocrité ? Est-ce sur ce qui les confond avec les écrivains ordinaires, & malheureusement trop communs, qu’on juge les grands écrivains, ou sur ce qui les distingue ?.... Ce n’est pas sans motifs, Monsieur, que je cite que des Poëtes, quoique Jean-Jaques ne le fût pas ; c’est parce que ce sont de tous nos Auteurs, & les plus généralement connus, & ceux dont les ouvrages sont d’une inégalité plus sensible. Il me semble de plus qu’on ne peut considérer comme un ouvrage, les épanchemens qu’un jeune homme se permet, les détails domestiques dans lesquels il entre, vis-à-vis d’une femme qui lui tient lieu de mere, & à qui il rend à son tour les devoirs & les services qu’elle seroit droit d’attendre d’un fils. Ces lettres n’ont jamais été’destinées à l’impression : cela est vrai, & c’est à mes yeux leur principal mérite. Excepté quelques expressions triviales, très-pardonnables dans un commerce aussi familier, qu’y peut-on trouver à reprendre ? Quant à moi, Monsieur, je trouve qu’elle font d’autant plus d’honneur à Jean-Jaques, qu’elles n’ont pas été écrites pour lui en faire ; qu’elles prouvent que le malheur

& les infirmités l’ont accablé dès son enfance ; qu’il ne