Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/397

Cette page n’a pas encore été corrigée

pitié si outrageante, dût-elle être prodigue de secours, que Jean-Jaques lui auroit préféré la triste situation qu’il peint avec tant d’énergie ? Mais cette situation n’étoit point la sienne : jouissez, Monsieur, du plaisir de le penser : il avoit sans doute fait ce mémoire pour quelqu’un des infortunés que sa bienfaisance attiroit ; car il n’y a point de façon de les servir, qui ne fût à son usage. Voilà la seule hypothese compatible avec les sentimens & la position de J. J. Rousseau. Il n’étoit pas riche, il est vrai. parce que les moyens de le devenir répugnoient à la dignité de son caractere : il s’en est cent sois expliqué : mais il avoir à sa disposition des moyens honnêtes, je dirai même honorables, d’ajouter de l’aisance, au nécessaire qu’il possédoit ; & s’il négligea de les employer, c’est que des motifs supérieurs à son propre intérêt dirigerent toujours sa conduite. Je pense, Monsieur, qu’on doit conclure de tout ce qui s’est passé relativement à cet homme extraordinaire, tant durant sa vie, que depuis sa mort, qu’il a presque toujours eu des ennemis adroits, & des amis gauches : car il faudroit détester l’humanité, si on pouvoir croire que tous ceux qui ont nui au meilleur des hommes, en eussent eu l’intention."

"Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien donner place à ma lettre dans votre intéressant Journal, si vous jugez qu’elle en vaille la peine. Je serois bien flattée que vous daignassiez y répondre par la même voie. Le saine partie du Public qui s’occupe encore de Jean-Jaques, est surement dans la même incertitude que moi sur le problême que j’a l’honneur de vous proposer, & me sauroit gré de lui en procurer