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à la fonction de copiste, que j’ai le plus grand plaisir à mettre aux prises entr’eux les ennemis de Jean-Jaques. Dans une lettre adressée à la vénérable Classe, & dont M. de Montmollin avoue l’existence (autorité par fois respectable pour vous) l’Auteur, anonyme, après avoir sort maltraité Jean-Jaques sur son christianisme, s’explique ainsi sur sa politique & sa façon d’écrire. “Comme citoyen, dans le second volume, il mériteroit presque d’être canonisé par les Etats républicains, bien loin d’en être décrété.....Il poursuit l’esprit tyrannique, la manie despotique dans leurs derniers retranchemens ; & démêle leurs artifices les plus retorts ; sans que la beauté enchanteresse de son langage nuise, tant s’en faut, à la vigueur mâle de son raisonnement.”

Emile est une compilation indigeste de passages tirés de Plutarque, de Montagne, de St. Evremont, du Dictionnaire encyclopédique & de trente autres Auteurs.

En ajoutant à ceux-là, les seize que vous nommez plus bas, cela fait au moins cinquante-cinq Auteurs. Il faut que vous soyez bien savant, Monsieur, que vous possédiez bien à fond cette quantité d’Auteurs pour avoir reconnu dans Emile tous les principes, toutes les pensées, tous les raisonnemens qui leur appartiennent, au travers du vernis de fraîcheur que la magique plume de Jean-Jaques met sur tout ce qu’elle exprime. Pour moi qui n’ai que la science de Socrate, je ne sais point, je ne cherche point à savoir si Jean-Jaques a deviné, ou non, toutes les vérités qui se trouvent dans des ouvrages. Bien plus capable de sentir que de critiquer, je m’en tiens à lui savoir un gré infini de les avoir mises à ma portée, en les réunissant