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ou la haine lui procurent tous les écrits dont il est le sujet.

Vous dites, Monsieur, que l’exposé de la contestation de Jean-Jaques avec M. Hume, a jetté les amis du premier dans un si singulier abattement, qu’ils n’osent prendre son parti. Ceux qui vous entourent, ont très-bien fait de se taire, puisque leur silence vous a fait parler. Je conçois cependant qu’un cœur tel que le vôtre s’annonce a dû en être tristement affecté. Pour moi, placée, à cet égard, plus avantageusement que vous, je connois plusieurs personnes dont la probité rend les opinions précieuses ; qui pensent & disent que la justification de Jean-Jaques est moins encore dans sa lettre du 10 juillet 1766, que dans l’apologie de M. Hume ; & qui ne peuvent se défendre de suspecter les lumieres, ou les intentions des têtes sages qui lui ont conseillé de mettre au jour les pieces de son procès ; tant elles trouvent cette démarche ridicule. Quant à vous, Monsieur, vous justifiez la conduite de Jean-Jaques, & vous blâmez celle de M. Hume, avec une moderation, qui prouve bien que le seul intérêt de la vérité vous anime. Vous ne décidez pas que M. Hume soit coupable de trahison : mais vous affirmez que Jean-Jaques est innocent de l’ingratitude qu’on lui impute. Vous ne pouviez le servir plus à son gré, qu’en ménageant son adversaire. Il y a encore dans votre écrit, une chose dont Jean-Jaques sera bien flatté ; c’est le choix des éloges que vous lui donnez ; ils portent tous sur la beauté, la générosité, la délicatesse, la sensibilité de son ame ; l’honnêteté, la franchise, la candeur de son caractere ; & voilà, j’en réponds ce qu’il prise le plus en lui. Mais, pourquoi ces qualités lui sont-elles contestées ? Sont-ce bien