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retenir son indignation quand on voit deux hommes*

[*Messieurs Geoffroy & Royou, ci-devant coopérateurs de M. Fréron ; actuellement Auteurs du Journal de Monsieur, frere du Roi.] qui s’étoient concilié l’estime générale par leur attachement à la bonne cause, & le noble zele qui les portoit à seconder dans ses travaux un jeune littérateur, également intéressant par son âge, ses talens, son caractere, à l’abri d’un nom respecté abandonner lâchement l’une & l’autre ; parler avec la dernière indécence du plus profond des moralistes, du plus exact des logiciens, du plus simple des philosophes, du plus éloquent des écrivains, du plus grand des hommes, puisqu’il en fut le plus vertueux : & cela, après s’être élevés avec autant de vigueur que de courage, contre le lâche mais dangereux agresseur qui, après quinze ans de silence, n’ouvre la bouche qu’après la mort de l’accusé, & quand il n’a plus pour se défendre que le souvenir de ses vertus civiles, & l’estime du petit nombre de personnes qui l’ont connu. Après avoir avoué que cet accusé est un témoin irréprochable dont la candeur & la simplicité sont déjà reconnues : *

[* Voyez la lettre de M, l’Abbé Royou à M. Fréron, au sujet de l’éloge de Mylord Maréchal, No. 17 de l’Année littéraire 1779] & par cette absurde palinodie, s’exposer au soupçon flétrissant, dont aucune protection ne peut les garantir, de s’être laissé corrompre par les Encyclopédistes. À quel prix ? C’est ce que je n’aurai pas la témérité de vouloir approfondir. Ah ! sans doute, ce ne peut être que par un déplorable effet de cette corruption qu’ils ont oublié ce qu’ils se devoient à eux-mêmes, jusqu’à se permettre de dire en rendant compte du supplément à l’Emile de J. J. Rousseau.