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aucune présomption raisonnable contre Jean-Jaques qui a paru s’inquiéter si peu des doutes du Journaliste.

[8°.] Pourquoi, dit encore celui-ci, réclame-t-il la musique du Devin du Village dans un ouvrage qui ne devoit paroître qu’après sa mort ? Et pourquoi le Journaliste de Bouillon veut-il qu’on ne réclame pas après sa mort ce qu’on s’est attribué toute sa vie ?

9°. Mais, ajoute-t-il, si Jean-Jaques est auteur de la premiere musique du Devin du Village, pourquoi la seconde est-elle si médiocre ?

Je pourrois, à mon tour, demander à M. Pierre Rousseau en quoi cette derniere lui a paru si médiocre ; je pourrois lui demander, par quelle raison il exige que de deux musiques, faites sur les mêmes paroles, l’une dans le premier feu de la composition poëtique, l’autre dans un âge avancé ; l’une dans une obscurité paisible, l’autre dans les chagrins d’une gloire persécutée ; l’une avec le desir de charmer dans un nouvel art & dans un nouveau genre, l’autre avec la douleur d’avoir trop bien réussi, pourquoi, dis-je, M. Pierre Rousseau voudroit-il exiger que la derniere fût la meilleure ?

Vous témoignez, Messieurs, pour l’admirable Genevois une si parfaite vénération, que j’ose vous prier de déposer dans votre Journal, des réflexions qui ont moins pour objet d’établir en sa faveur, une défense surabondante, que de montrer combien ses adversaires sont quelquefois mal-adroits, & combien leur acharnement est coupable. J’ai l’honneur d’être &c.

Signé le FEBVRE Auteur du nouveau Solfége.