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services ? Ordinairement là où finissent les besoins des enfans commencent ceux des parens ; & si à cause de ceux-là les enfans doivent obéir aux parens, à plus forte raison le doivent-ils lorsque les parens en ont besoin. Selon M. R. un enfant doit obéir à son pere pour aller prendre le pain que son pere lui donne : mais si le pere demandoit d’aller prendre ce pain & de le lui apporter à lui - même, l’enfant ne seroit point obligé de lui obéir. M. R. a beau vanter M. son pere ; je ne serois pas surpris d’apprendre, qu’en partant, il y a quinze ou vingt ans, de Geneve, pour venir en France philosopher, il eût laissé sans pain & sans ressource pour en gagner, le bon homme, qui au lieu de lui apprendre & de faire lui-même son métier, lui a appris à philosopher de la sorte, d’après. Plutarque, Tacite ou Grotius, qui pourroient encore l’en désavouer.

Dieu ayant spécialement attaché le droit d’une longue vie, à l’honneur effectif des enfans envers leurs parens, il faut croire que ce n’est pas pour exempter plus long-tems les enfans du devoir d’obéissance envers leurs parens, qu’il leur promet cette longue vie.

Pour moi je crois éternel ce droit d’obéissance respectueuse & effective, comme l’obéissance des peres est un droit éternel de leur part envers Dieu, le pere des peres.

Mais par malheur il faut raisonner aussi, car c’est-là que s’embrouille constamment M. R. La multitude des peres particuliers qui forment une grande société, une nation, est un labyrinthe d’où ce fameux philosophe ne peut se démêler. Il y a les peres communs & les peres particuliers. Il n’est pas