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Sophie.

Je voudrois inutilement vous déguiser encore le secret de mon cœur ; il a trop éclaté avec mon dépit ; vous voyez combien je vous aime, & vous. devez mesurer le prix de cet aveu sur les peines qu’il m’a coûté.

Dorante.

Aveu charmant ! pourquoi faut-il que des momens si doux soient mêlés d’alarmes, & que le jour où vous partagez mes feux soit celui qui les rend le plus à plaindre ?

Sophie.

Ils peuvent encore l’être moins que vous ne pensez. L’amour perd-il si-tôt courage, & quand on aime assez pour tout entreprendre, manque-t-on de ressources pour être heureux ?

Dorante.

Adorable Sophie ! quels transports vous me causez ! quoi, vos bontés !…. je pourrois….ah ! cruelle ! vous promettez plus que vous ne voulez tenir !

Sophie.

Moi je ne promets rien. Quelle est la vivacité de votre imagination ? J’ai peur que nous ne nous entendions pas.

Dorante.

Comment ?

Sophie.

Le triste hymen que je crains n’est point tellement conclu