Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée



Macker.

Je me moque de sou qui s’y fie. Je ne veux point qu’il fréquente ma femme, & j’y mettrai bon ordre.

Dorante.

À la bonne heure ; mais comme je suis votre prisonnier, & non pas votre esclave, vous ne trouverez pas mauvais que je m’acquitte envers elle en toute occasion des devoirs de politesse que mon sexe doit au sien.

Macker.

Et ! morbleu ! tant de politesses pour la femme ne tendent qu’à faire affront au mari. Cela me met dans des impatiences…. vous verrons….vous verrons…. vous êtes méchant, Monsieur le François. Oh parbleu, je le serai plus que vous.

Dorante.

À la maison cela peut être ; mais j’ai peine à croire que vous le soyez sort à la guerre.

Goternitz.

Tout doux, seigneur Dorante, il est d’une nation…..

Dorante.

Oui, quoique la vraie valeur soit inséparable de la générosité, je sais malgré la cruauté de la vôtre en estimer la bravoure. Mais cela le met-il en droit d’insulter un soldat qui n’a cédé qu’au nombre, & qui, je pense, a montré assez de courage pour devoir être respecté, même dans sa disgrace !