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fût bien malade lui-même pour ne pas s’en appercevoir, ou il falloit être bien méchant, après s’en être apperçu, pour faire succéder au ressentiment la plus méprisable de toutes les vengeances.

Enfin vous trouvez, M. le Rapporteur qu’il est contre nature que M. Rousseau, d’abord si confiant & si sensible aux bienfaits de son ami, change ensuite tout-à-coup de langage à moins, dites-vous, qu’il ne soit prouvé, que ce Genevois ne soit échappé des petites maisons. Non, cela n’est pas encore prouvé ; mais ce même changement, avec toutes les circonstances qui le précedent &qui l’accompagnent, dénote visiblement qu’il en prend le grand chemin. J. J. Rousseau s’égare de propos délibéré ; il demande une explication ; sur quoi la fonde-t-il ? sur des soupçons : ses doutes ne sont fondés que sur des conjectures très-équivoques : il ne produit que des frayeurs chimériques. Quoi ! à cause que dans l’accès de son trouble, il s’est écrié Non, David Hume n’est pas un traître, vous voulez que celui-ci le soupçonne de trahison ? s’il eût dit, oui, je soupçonne que David Hume est un traître ; alors l’Anglois sûrement auroit parlé. Si quelqu’un disoit en votre présence, non, le Rapporteur de bonne foi n’est pas un menteur ; iriez-vous follement vous imaginer qu’il a voulu vous accuser de mensonge, ou prendriez-vous cette façon de parler pour une apostrophe injurieuse ? est-ce que M. Hume devoir prendre l’affirmative pour la négative ? Je suis même certain que le silence dans pareille occasion prouve beaucoup mieux l’innocence, que tous les éclaircissemens que l’on voudroit tirer d’une accusation si équivoque. S’il s’étoit récrié avec chaleur sur