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plaintes outrageantes, afflictions déplacées & injures atroces contre M. Hume, à qui il fait un crime impardonnable de s’être intéressé en sa faveur & malgré lui, auprès du Roi & de ses Ministres.

Me voici enfin arrivé à ces quatre mots fameux qui ont fait tant de frayeur à notre pauvre malade, mots prononcés par M. Hume dans l’erreur d’un rêve, ou si l’on veut, lorsqu’il ne dormoit pas : Je tiens J. J. Rousseau ; voilà le dénouement qui arrive de cette piece toute singuliere ; c’est dommage que M. le Vasseur n’ait pas paru sur la scene, on auroit pu en composer une comédie réjouissante, intitulée le Fou sans le savoir. Ce sont ces quatre mots qui, selon ce Philosophe ombrageux, sont une preuve plus que convaincante d’une trahison manifeste, à laquelle il peut en ajouter deux autres ; la premiere, des regards longs & funestes tant de fois lancés sur lui, & la seconde, des petits coups flatteurs sur le dos accompagnés des mots de cher Monsieur. Mais voici un autre accès de la maladie de cet honnête homme. C’est dans le fort du délire qu’il s’écrie, oui, M. Hume, vous me tenez, je le sais, mais seulement par des choses qui me sont extérieures : vous me tenez par ma réputation, par ma sureté peut-être. Apparemment que le malade rêvoit & se figuroit qu’on vouloir le coffrer ; & c’est en s’abandonnant à cette frayeur qu’il voit déjà l’exultation barbare de ses implacables ennemis, & que le public qui est toujours pour les services rendus ne le ménagera pas. Qu’il prévoit la suite de tout cela, & quelle est-elle ? que les gens sensés, ajoure-t-il,qui sont en petit nombre qui ne sont pas ceux qui sont du