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que c’est à cette épître qu’il doit attribuer les froideurs qui succédent à l’accueil brillant qu’il avoit reçu dès les premiers jours de son arrivée à Londres. C’est ce qu’il appelle un indice, qui le conduit à la preuve ; elle est d’une nature si singuliere & si nouvelle que je parierois bien qu’on n’en a jamais vu de semblable ; la voici, à l’instant un trait de lumiere vient l’éclairer, & comme si l’action se passoit au pied du trône de la vérité, il voit clairement, à la faveur de cette vision indubitable, le foyer du complot qui se tramoit contre lui en Angleterre, pour le trahir. De quelle maniere le trahit-on, & pourquoi ? il n’en sait rien, ni moi non plus.

Un autre rêve encore agité par de nouveaux soupçons, lui fait voir qu’il n’avoit été attiré en Angleterre qu’en vertu d’un projet qui commençoit à s’exécuter, mais dont il ignoroit le but ; il sentoit le péril sans savoir où il pouvoit être ni de quoi il avoit à se garantir.

Je demande à tout Lecteur sensé ce qu’il est possible de comprendre par cette triple énigme ? Cruel effet d’une maladie incurable, & dont on peur aisément deviner les suites & les progrès ! Que doivent penser des personnes raisonnables en lisant toutes les absurdités qui se suivent en foule dans le reste de cette lettre ! On y retrouve à chaque page les mêmes griefs : les mêmes soupçons y reviennent si souvent à la charge, qu’en dépit d’une lueur de beau style, on ne peut s’empêcher de s’écrier : l’Auteur est sou & rie le fait pas, le public s’en doute & ne s’en apperçoit pas, & ses partisans ne le croiront pas qu’ils ne le voyent aux petites maisons.

Cent indices de cette vérité pourroient se tirer de quelques