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artifice trop souvent répété, pour en imposer à un homme qui le connoissoit aussi bien que moi : je soutiens que vous ne le connoissiez pas, ou que vous feigniez malicieusement de ne pas le connoître. Il se peut qu’il y ait eu un peu trop d’affectation dans la sensibilité que J. J. a fait paroître, il se peut même que ce soit l’effet de la maladie dont il est attaqué ; mais en ajoutant que c’est pour se rendre plus intéressant vis-à-vis la commisération du public, ne semble-t-il pas que vous invitiez ce même public à ne plus s’épancher en secours généreux envers un vieillard accablé d’infirmités, & qui touche à la décrépitude. Vous ne croyez pas non plus que moi, que ce vieillard posséde quelque trésor caché. En vérité votre intention, en peignant de la sorte ceux que vous nommez encore vos amis, n’annonce pas un ami de l’humanité, ou le vrai Philosophe qui plaint les vicieux & déteste les vices.

Puis-je vous demander si les sentimens que vous inspirez dans vos productions littéraires sont de la même espece ? Je vous proteste, s’ils ressemblent à ceux-ci, que je ne voudrois pas même aspirer à l’amitié des lecteurs qui y applaudiroient, fussent-ils sur le trône du Mogol.

Dans la lettre de M. Hume à M. Rousseau, en date du 19 juin 1766, on n’y peut remarquer que beaucoup de zele pour engager le second à déclarer à quelles conditions il voudroit recevoir la pension, qu’il n’osoit plus accepter, comme je l’ai déjà fait remarquer, par l’entremise de l’homme qu’il croyoit être son plus grand ennemi.

La réponse de Rousseau à cette lettre ne développe que très-obscurément le crime prétendu de son ancien bienfaiteur. Est-il