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pour voir comment il pourra s’affranchir des liens qui le retenoient encore au char de l’auteur Anglois qu’il n’aime plus, & sans trop savoir pourquoi, ou plutôt pour des vétilles qui n’inspirent pas même l’indifférence. Il demande du tans pour pouvoir s’affranchir de la captivité dans laquelle les bienfaits reçus pourroient le retenir ; il ne veut être redevable de la grace qu’on lui offre qu’aux bontés du Prince & aux soins généreux de son Ministre ; il ne veut plus les accepter en silence, pour avoir lieu d’informer le public que ce n’est pas à la sollicitation de M. Hume, mais à la priere du général Conway, qu’il a eu le bonheur de les obtenir. Il veut lui-même entonner la trompette & crier à haute voix : je ne dois plus rien au perfide que j’avois cru mon ami ; parce que ses procédés & sa trahison m’en ont donné quittance ; je ne vis & ne respire que par les royales libéralités d’un grand Roi, qui a reconnu à la fin que mon mérite & mes talens étoient dignes de ses bienfaits.

Si je me suis trompé dans mes spéculations ingénieuses, bien d’autres se tromperont après moi. En attendant, je vais poursuivre la tâche que je me suis imposée, au risque de me tromper encore. Au reste, je n’y entends point finesse, j’écris comme je parle, & parle comme je pente.

On voit encore dans les pensées de M. Hume, qui accompagnent ses réflexions, un petit trait de vengeance qui ne sied du tout point à un homme qui veut avoir la réputation de bien écrire. Comment est-il possible lorsqu’on pense faux d’être juste dans ses décisions ?

Quant à l’accablement profond, dit-il, dont Rousseau se