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à la main, un homme qui auroit les pieds & les mains liés, non pas pour lui arracher la via, mais pour le mutiler dans toutes les parties de son corps sans qu’il puisse se défendre. Un pareil triomphe couvre toujours de honte & d’opprobre le vainqueur, on le déteste, il mérite de l’être.

Tout le reste de cette lettre supposée, & qui a passé pour un chef-d’œuvre d’éloquence, n’est dans le fond qu’un tissu de brillantes impertinences, qui attaquent moins J. J. Rousseau que l’esprit éclairé du Prince, à qui M. le Bourgeois de Westminster a osé attribuer un style & des pensées fort au-dessous de la plume d’un Souverain.

On pouvoit bien imaginer que le Genevois outragé dans cette lettre, en la voyant paroître dans un papier public, demanderoit satisfaction la plume à la main. Cependant en faisant cette démarche il auroit dû sagement ne pas étendre ses soupçons, ni s’imaginer avec trop de vivacité que M. Hume avoir trempé dans cette méprisable plaisanterie. Quoique cela pouvoit être, des soupçons ne suffisoient pas pour l’en accuser ; il falloit voir venir, dissimuler encore quelque tans ; mais point du tout, le masque tombe & le Philosophe s’évanouir ; il ne se contente pas de soupçonner, il porte ses doutes jusques dans le sein de la crédulité, ce qui prouve toujours bien plus de foiblesse que de discernement & de prudence. Pourquoi s’agiter, s’échauffer & s’altérer à crédit en fixant des vapeurs, ou prenant des nuées pour des montagnes inaccessibles.

Je crois que M. Hume, auroit pu se dispenser de faire éclater tant de surprise, & de se plaindre avec autant d’amertume qu’il le fait, des expressions de la lettre de J. J. Rousseau : à l’auteur