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compatriotes de ce qu’ils devoient faire autant pour défendre que pour soutenir leurs privileges, on ne pût pas procéder contre lui comme étant chef de parti, ni enveloppes dans le même filet ses parens & les amis qu’il pouvoit encore avoir dans la République. C’étoit agir en rusé politique & donner adroitement, comme on dit en Angleterre, un croc-en-jambe à la loi. C’en étoit effectivement un, à légard de l’Édit de Médiation qui sut publié à Geneve en 1738 & où il est expressément spécifié, que le premier d’entre les Citoyens, qui fomenteroit des troubles ou des divisions, seroit jugé comme perturbateur du repos public & même puni de mort, lui & ses complices, selon que le cas l’exigeroit. Ce reproche n’influe point ignominieusement sur la réputation de celui à qui il s’adresse il réjaillit honteusement sur le prétendu bel esprit qui préfère à s’occuper de mauvais propos, plutôt que de s’instruire de choses utiles & intéressantes. Ordinairement une sottise en accompagne une autre ; M. Walpole ne vouloir pas démentir ce proverbe, il joint au reproche la calomnie. Vous vous êtes, dit-il, en s’adressant à Rousseau, fait chasser de la Suisse, pays tant vanté dans vos Ecrits. Oui ce même pays mérite de l’être, mais il est faux que J. J. Rousseau en ait été chassé. Voici ce me semble tout ce qu’on auroit pu lui reprocher.

Pendant votre séjour à Motiers -Travers, vous vous êtes trop livré à de certains esprits & à des personnes qui, par leur état autant que pour leur repos, ne pouvoient pas raisonnablement adopter vos systêmes erronés ou scandaleux, ni vivre amicalement avec vous.