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a fait sortir ; & cette façon d’habiller des portraits devroit couvrir de honte ceux qui s’en servent.

Socrate fut proscrit, & de même quantité de Philosophes dont on respecte encore la mémoire. C’est le sort de tous les hommes extraordinaires, qui veulent s’élever au-dessus des préjugés reçus. Le grand Wolff fut proscrit, & son rappel n’a pas moins illustré l’exilé, qu’éternisé la gloire du Monarque savant qui l’engagea à revenir dans ses Etats, éclairer l’une des plus célebres Universités de l’Allemagne.

Les choses qui souvent paroissent les plus éloignées, se rapprochent. Si la force d’un certain parti, à Geneve, reprenoit le dessus, Rousseau pourroit encore y trouver un asyle, & peut-être une statue ; tandis que les barbouilleurs qui ont voulu le noircir à toute outrance, ne trouveroient par-tout que des huées & des mépris.

Il y a toujours de la bassesse à reprocher à un homme qu’il est proscrit ; & sur-tout quand il ne l’est pas pour des faits qui déshonorent.

Les amis de M. Hume, disent les Editeurs, se sont réunis pour l’engager de rendre sa justification publique.*

[*Dans un autre endroit, M. Hume déclare que plusieurs autres de ses amis lui avoient conseillé le contraire : ceux.-ci connoissoient mieux l’art de donner de bons conseils.] Ah que ce siecle est abondant en amis pour M. Hume ! Mais de tels amis ne le sont gueres, ou tout au moins ils ne paroissent pas l’être de la premiere classe. De vrais amis ne donnent jamais de conseils qui puissent troubler le repos de ceux