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été entre M. Rousseau & M. Hume, elle n’existoit pas pour le public, il falloit donc, pour la traduire à son tribunal, nécessairement répandre la rupture de ces hommes célebres, noircir M. Rousseau, attendre que le public se récriât contre des imputations sans preuves ; alors saisir, comme on dit, la balle au bond, & faire imprimer l’écrit ou mémoire sur lequel ai fait des observations. Ecrit soigneusement préparé, & destiné à l’usage que M. Hume ou ses amis trouveroient bon. On voit l’emploi que leur prudence rafinée leur en a fait faire sous le titre d’Exposé succinct, qui méritoit au moins l’épithete de justification convenablement préparée.

Je ne serai point de réflexions sur un fait aussi énergique. Mais résumant en peu de mots tout ce qui a été dit sur la querelle des deux savans, je rappellerai une vérité commune qui en montre la base. Les hommes ne sont jamais du mal que lorsqu’ils ont intérêt & possibilité de le faire. M. Rousseau soupirant après un état tranquille qu’il alloit chercher en Angleterre, y arrivant sans habitude, ainsi que sans parti, n’avoir ni intérêt ni moyens pour attaquer M. Hume dont il ne connoissoit ni la langue ni les ennemis s’il en a. Cependant il s’est élevé un démêlé entr’eux.

J’ai avancé, non sans raison & sans preuves, que M. Rousseau avoir des ennemis à Geneve, à Paris, & que M. Hume étoit le plastron derriere lequel ils se sont tapis comme des braves ; j’ai établi que ces ennemis avoient poursuivi M. Rousseau de Geneve en Suisse, que de concert ils l’avoient attaqué à Londres par d’indignes libelles assez mal déguisés ; il est constant que M. Hume est lié avec eux. J’ai prouvé que sous le masque