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avoit vendu par contrat son Dictionnaire de Musique au Libraire Duchesne ; dès-lors ce livre est devenu le propre de ce Libraire. Quel qu’en soit le débit, M. Rousseau ne l’apprendra que par relation, & ne peut y prendre part que par l’intérêt qu’il porte à cet honnête Libraire. Il n’est donc pas vraisemblable, il ne peut paroître vrai qu’il ait écrit à M. Clairaut qu’il étoit forcé de donner ce Dictionnaire pour avoir du pain.

C’est pourtant d’après cette phrase que M. Hume forma pour lui des projets secrets de fortune. Ecoutons-le parler.

“Je priai M. Clairaut de me donner sa lettre, je la sis voir à plusieurs des amis & des protecteurs que M. Rousseau avoit à Paris. Je leur proposai un arrangement par lequel on pouvoit procurer des secours à M. Rousseau sans qu’il s’en doutât. C’étoit d’engager le Libraire qui se chargeroit de son Dictionnaire de Musique, à lui en donner une somme plus considérable que celle qu’il en auroit offerte lui-même, & de rembourser cet excédent au Libraire. Ce projet pour l’exécution duquel les soins de M. Clairaut étoient nécessaires, échoua par la mort inopinée de ce profond & estimable savant."

J’avois toujours pensé que la plus douce des vertus humaines, l’active & modeste bienfaisance, marchoit sans faste, & fuyoit les témoins. Il faut que je me sois trompé jusqu’à présent. Un Anglois généreux, un Philosophe, semble assembler un conseil pour discuter sur le bien qu’il veut faire. Je prie M. Hume d’excuser ma mal-adresse, si j’avoue que je ne conçois pas en quoi M. Clairaut pouvoit servir ses projets, & si je ne conçois pas davantage pourquoi il consultoit les amis, les protecteurs