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pour M. Hume,*

[*C’est le dire de M. Rousseau. Voyez sa lettre, pag. 327.] qui devoit nécessairement demander des explications ; M. Rousseau ne pouvoit y satisfaire qu’avec amertume. Après les avoir données, il ne se seront plus occuppé qu’à rappeller sa tranquillité qu’il voyoit fuir devant lui, à gémir, & à oublier M. Hume : celle de ce patron n’exigeoit aucun éclat, il pouvoit s’expliquer, se plaindre à M. Rousseau, cesser tout commerce avec lui. Vivant à cent cinquante milles l’un de l’autre, personne n’eût soupçonné leur rupture.

Mais d’après les suppositions que nous avons admises, le silence qui auroit dû suffire à M. Hume, eût accablé les ennemis de M. Rousseau. Supposons donc pour la derniere fois, qu’ils ayant enragé M. Hume sans qu’il ait pénétré leurs desseins, à se plaindre avec éclat ; leur haine ayant manqué la vengeance la plus atroce, ils en auront du moins caressé l’ombre ; ne pouvant faire tout le mal qu’ils avoient médité, ils auront du moins fait tout le bruit possible ; ne pouvant enlever à M. Rousseau sa probité, ils auront du moins cherché à l’obscurcir ; ne pouvant lui ôter sa réputation d’écrivain sublime, ils l’auront du moins fait passer pour un esprit inquiet, soupçonneux, bizarre, insociable ; ils savent que toutes leurs horreurs seront couvertes par la nuit des tans, ils sentent avec douleur que les écrits de M. Rousseau lui échapperont ; n’ayant pu flétrir son nom, ce sera du moins une consolation pour eux d’avoir empoisonné sa vie.

Tant de noirceurs pourront paroître trop compliquées pour être admises. Ah ! plût au ciel que pour l’honneur de l’humanité,