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découvrir constamment aux hommes les moyens de se rendre généreux, estimables, & heureux ! Qu’il est triste pour notre siecle, qu’il y ait des têtes à qui une tête si respectable paroisse affectée de folie ! Et qu’il est digne d’un grand Roi d’empêcher que l’âge & les infirmités ne réduisent à une misere extrême un homme qui a si bien mérité de l’humanité ! Ses bienfaits seront entre les mains d’un pareil homme un dépôt sacré, dont il est bien sûr qu’il ne privera pas les malheureux tant que ses forces lui permettront de travailler à sa propre subsistance.

En un mot, J. J. Rousseau arrivant en Angleterre, y étoit étranger ; il n’y étoit connu que par la beauté de ses ouvrages ; mais il n’arrive que trop souvent que les Auteurs les plus sublimes dans leurs écrits, se conduisent d’une maniere très - méprisable. Il lui importoit donc infiniment de faire connoître à cette fiere nation, que sa conduite étoit d’accord avec les sentimens qu’il annonce dans ses ouvrages, & qu’il n’y a aucune vue d’intérêt qui puisse l’engager à compromettre son honneur & sa réputation. Après cela, qui peut ne pas convenir que Rousseau a été obligé de se conduire comme il l’a fait à l’égard de M. Hume, & qu’il a montré dans cette occasion une belle ame, une ame délicate & sensible, une ame intrépide & élevée au - dessus de l’adversité ? Eh ! quel est l’honnête homme que cet événement pourroit éloigner de la société de Rousseau ? Quel est celui au contraire qui ne desireroit pas de devenir l’ami d’un homme si plein de candeur, & si digne d’estime ?

Quant aux faussetés qu’on impute à Rousseau, je ne prétends pas l’en justifier, parce que je ne suis pas assez instruit ; & je