Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/377

Cette page n’a pas encore été corrigée

sa bourse, ensuite elle persécute celui qui la lui a remplie.

Jusqu’au moment de la pension, qu’avoit fait M. Hume pour Rousseau ? étoit-ce par sa protection qu’il avoit obtenu un asyle en Angleterre ? étoit-ce à ses frais qu’il en avoit fait le voyage & qu’il y subsistoit ? Non ; Rousseau étoit connu, estimé, je puis même dire en vénération chez les Anglois autant par ses ouvrages que par sa maniere de vivre ; Rousseau arrivant seul en Angleterre, eut donc été bien venu de tous les honnêtes gens de cette nation, & on se seroit également empressé à lui offrir la retraite qu’il desiroit quand il n’auroit pas été accompagné de M. Hume. La preuve de ce que je dis, est que M. Davenport en accordant sa maison de campagne à Rousseau, l’a sait autant par considération pour lui que par égard pour M. Hume, qu’il ne connoissoit presque pas.

Cependant M. Hume prend le titre de bienfaiteur de Rousseau dans une lettre qu’il lui écrit, en date du 16 juin 1766 : Rousseau ayant refusé la pension qu’il sollicitoit pour lui, je ne vois rien qui puisse autoriser M. Hume à prendre un titre si haut & si supérieur vis-à-vis de Rousseau, que le petit manege qu’il a employé pour lui procurer des secours clandestins. Rousseau étoit trop clair-voyant, pour ne pas s’en appercevoir bientôt, & s’il ne s’en fût pas indigné, n’auroit-il pas été le plus chétif & le plus méprisable de tous les hommes ! Quoi de plus honteux que de vouloir paroître aux yeux du public un homme désintéressé, un homme méprisant la fortune, tandis que l’on accepte tout ce qui nous est offert, pourvu seulement qu’on veuille nous permettre de paroître ne