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dans cette position, de soupçonner M. Hume d’avoir part à toutes ces méchancetés ! J. J. Rousseau devient donc la proie des plus violens soupçons, il cherche une explication qui est éludée par M. Hume ; une nouvelle satire paroît dans les écrits publics, elle contient des particularités qu’il croit ne pouvoir être connues que de M. Hume. Alors les soupçons se changent en certitude & en conviction. Que doit faire Rousseau dans cette circonstance ? attendra-t-il & laissera-t-il M. Hume continuer de le servir auprès des Ministres pour la pension qu’il sollicite Mais de deux choses l’une, ou M. Hume dédaignant Rousseau, le sert par pitié en voulant lui procurer de quoi subsister : ah ! quelle bassesse ne faudroit-il pas pour recevoir de pareils bienfaits ! ou M. Hume sert publiquement Rousseau, même avec succès, pour couvrir plus surement ses manœuvres contre lui : eh ! quel est l’homme qui ne repoussera pas avec horreur de pareils services ! Que reste-t-il donc à faire à Rousseau ? de refuser ce qui lui est accordé par la médiation de M. Hume, & de rompre avec lui comme il a fait dans sa lettre du 10 juillet 1766.

Cette lettre qui fait la consternation de ses amis & le triomphe de ses ennemis, cette lettre qui attire à Rousseau le reproche du plus lâche de tous les vices celui de l’ingratitude, est précisément ce qui doit l’en justifier sans replique ; J. J. Rousseau ingrat est un problème qui restera toujours sans solution : si Rousseau eut été capable d’ingratitude, il eut dissimulé, il eut accepté sans délai une grace qui lui étoit accordée par les sollicitations de M. Hume, après quoi il eut éclaté. Telle est la marche de l’ingratitude, elle commence par remplir