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il faut examiner quelle étoit sa situation lors de son différend avec M. Hume. Il arrive en Angleterre avec lui, ce dernier l’annonce & le présente par-tout comme son ami intime ; Rousseau qui aime la vie champêtre, quitte bientôt Londres, pour aller demeurer à la campagne, il s’ôte par-là tous moyens de faire des connoissances, de se faire un parti, des amis & des protecteurs. M. Hume reste à Londres, il est l’ami de Rousseau & devient par-là le seul homme qui puisse le servir, & de qui Rousseau puisse recevoir des services. Voilà, je crois, le véritable état où se trouvoit J. J. Rousseau lors de son différend avec M. Hume : ne falloit pas des raisons bien fortes pour obliger Rousseau de rompre avec lui dans ces circonstances ?

Après quelque séjour à la campagne, Rousseau apprend que l’on a fait imprimer dans les papiers publics une lettre sous le nom du roi de Prusse, pleine de malignité contre lui ; bientôt on voit paroître dans les mêmes feuilles d’autres écrits plus méchans encore que le premier ; Rousseau sait que les auteurs de ces violentes satires sont des hommes, non-seulement de la connoissance de M. Hume, mais encore ses amis. Il fait que M. Hume ne leur a fait aucune représentation l’à-dessus, & qu’il n’a pas même daigné détromper personne sur des écrits si méchans, contre un homme dont il se dit l’ami. Rousseau connoissoit peu M. Hume ; leur amitié avoit été précipitée, & souvent l’on est trompé par les gens qui nous marquent le plus d’empressement ; Rousseau pendant le tans qu’il avoit vécu avec M. Hume, avoit vu bien des choses qui lui donnoient de l’inquiétude, Quel Ange, je le demande, auroit pu se défendre