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pensons pas qu’il ait créé ces chimeres uniquement pour se donner le plaisir de les combattre & de se brouiller avec son Patron. Il est trop franc, pour n’y avoir pas été de bonne soi. Cela supposé, il nous paroît que M. Hume, n’eût-ce été que par compassion pour un malheureux, auroit beaucoup mieux fait de donner à M. Rousseau les explications qu’il lui demandoit avec tant d’instances ; ou, s’il avoit absolument résolu de se venger il devoit se contenter de lui ôter son amitié, sans chercher à prévenir tout le monde contre lui M. Hume dira que M. Rousseau l’y a forcé en le défiant de rendre publiques les lettres qu’il lui avoit écrites. Mais nous sommes persuadés que le refus des explications aura été la cause de ce défi. Au reste, le parti de la modération auroit toujours fait plus d’honneur à la philosophie de M. Hume, que la voie de la vengeance qu’il a pris, ne pourra jamais lui en faire dans l’esprit des lecteurs qui sont quelque cas de l’humanité.

Nous ne sommes pas les seuls qui pensons ainsi. Voici le jugement d’une personne désintéressée, qui ne connaît ces deux grands hommes que de réputation.

“Je suis très-fâché de la brouillerie de M. Rousseau, avec M. Hume. J’en tiens l’histoire de la premiere main, & je les condamne tous deux ; M. Rousseau, pour avoir conçu mal-à-propos des soupçons sur les sentimens de M.

Hume à son égard ; & celui-ci pour n’avoir pas eu pitié d’un homme, que les persécutions de toute espece qu’il a eu à soutenir jusqu’à présent, ont rendu soupçonneux & ombrageux jusqu’à la petitesse.”

FIN.