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Les personnes à qui j’ai montré toutes les pieces originale qui établissent l’authenticité des faits, ont pensé diversement, tant sur l’usage que je devois en faire que sur les sentimens actuels de M. Rousseau, & sur l’état de son ame. Quelques-uns prétendent qu’il est absolument de mauvaise foi dans la querelle qu’il me fait & dans l’opinion qu’il a de mes torts : ils croyent que tous ses procédés sont dictés par cet orgueil extrême qui forme la base de son caractere, & qui le porte à chercher l’occasion de refuser, avec éclat, un bienfait du roi d’Angleterre, & en même tems de se débarrasser de l’intolérable fardeau de la reconnoissance en sacrifiant à cela l’honneur, la vérité, l’amitié, & même son propre intérêt. Ils apportent, pour preuve de leur opinion, l’absurdité même de la premiere supposition sur laquelle M. Rousseau fonde son ressentiment ; je veux dire la supposition que c’est moi qui ai fait imprimer la plaisanterie de M. Walpole, quoique M. Rousseau sache bien lui - même qu’elle étoit répandue par-tout, à Londres comme à Paris. Comme cette supposition est d’un côté contraire au sens commun, & de l’autre n’est pas soutenue par la plus légere probabilité, ils en concluent qu’elle n’a jamais eu aucune autorité, dans l’esprit même de M. Rousseau. Ils confirment cette idée par la multitude des fictions & des mensonges que M. Rousseau emploie pour justifier sa colere, mensonges qui concernent des faits sur lesquels il lui est impossible de se tromper. Ils opposent aussi sa gaîté & son contentement réels à cette profonde mélancolie dont il feint d’être accablé. Il seroit superflu d’ajouter que la maniere de raisonner qui regne dans toutes ses accusations, est trop absurde