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qu’il la refuse. S’il l’accepte, avec les preuves que j’ai en main, je le déshonore complétement ; s’il la refuse après l’avoir acceptée on a levé tout prétexte, il faudra qu’il dise pourquoi.C’est-là que je l’attends ; s’il m’accuse il est perdu."

"Si, dis-je, M. Hume a raisonné ainsi, il a fait une chose fort conséquente à son plan, & par - là même ici fort naturelle, & il n’y a que cette unique façon d’expliquer sa conduite dans cette affaire ; car elle est inexplicable dans toute autre supposition : si ceci n’est pas démontré, jamais rien ne le sera."

"L’état critique où il m’a réduit me rappelle bien fortement les quatre mots dont j’ai parlé ci-devant, & que je lui entendis dire & répéter dans un tems où je n’en pénétrois gueres la force. C’étoit la premiere nuit qui suivit notre départ de Paris. Nous étions couchés dans la même chambre, & plusieurs fois dans la nuit, je l’entends s’écrier en François avec une véhémence extrême :*

[*Je ne saurois répondre de ce que je dis en rêvant, & je sais encore moins si c’est en François que je rêve ; mais M. Rousseau, qui ne sait pas si je dormois ou si je veillois quand je prononçois ces terribles paroles avec une si terrible voix, est-il certain d’a voir été bien éveillé lorsqu’il les a entendues ? ] Je tiens J. J. Rousseau. J’ignore s’il veilloit ou s’il dormoit. L’expression est remarquable dans la bouche d’un homme qui sait trop bien le François pour se tromper sur la force & le choix des termes. Cependant je pris, & je ne pouvois manquer alors de prendre ces mots dans un sens favorable, quoique le ton l’indiquât encore moins que l’expression : c’est un ton dont il