Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée

navrer mon cœur. Second soufflet sur la joue de mon patron. Il n’en lent rien."

"Au contraire, il feint malignement que mon affliction venoit seulement de la publication de cette lettre, afin de me faire passer pour un homme vain qu’une satire affecte beaucoup. Vainou non, j’étois mortellement affligé ; il le savoit & ne m’écrivoit pas un mot. Ce tendre ami, qui a tant à cœur que ma bourse soit pleine, se soucie assez peu que mon cœur soit déchiré.Un autre écrit paroît bientôt dans les mêmes feuilles dela même main que le premier, plus cruel encore, s’il étoit possible, & où l’auteur ne peut déguiser sa rage sur l’accueil que j’avois reçu à Paris.*

[*Je n’ai aucune connoissance de ce prétendu libelle.] Cet écrit ne m’affecta plus ; il ne m’apprenoit rien de nouveau. Les libelles pouvoient aller leur train sans m’émouvoir, & le volage public lui-même se lassoit d’être long-tems occupé du même sujet. Ce n’est pas le compte des comploteurs qui, ayant ma réputation d’honnête homme à détruire, veulent de maniere ou d’autre en venir à bout. Il fallut changer de batterie."

"L’affaire de la pension n’étoit pas terminée. Il ne fut pas difficile à M. Hume d’obtenir de l’humanité du Ministre & de la générosité du Prince qu’elle le fût. Il fut chargé de me le marquer, il le fit. Ce moment fut, je l’avoue, un des plus critiques de ma vie. Combien il m’en coûta pour faire mon devoir ! Mes engagemens précéderas, l’obligation de correspondre avec respect aux bontés du Roi, l’honneur volage public lui